Prêtre et moine

Le 26 mars 1911 Léonide fut ordonné prêtre par Mgr Miroff archevêque des Bulgare catholiques à Galata. Puis il se rend à Velehrad où il remplace le métropolite malade. Rencontres avec les pères Palmieri, Jugie et d'Herbigny. orientalistes. Il invite les Orthodoxes à rejoindre le congrès

 

Notre intention est de nous servir de la recherche scientifique pour préparer les voies de notre rapprochement mutuel. Les congrès de Velehrad ne sont pas une institution exclusivement confessionelle mais plutôt une réunion d'hommes d'étude, animés d'esprit religieux et convaincus que la désunion est une oeuvre diabolique qu'il faut faire disparaître... Seule une institution comme la nôtre offre la possibilité d'un échange d'idées vivant et fructueux. 

 

Il se rendit à Saint-Pétersbourg pour régler sa situation, car son passeport portait encore la mention "orthodoxe" Il célébra avec la nouvelle paroisse grecque-russe-catholique les fêtes pascales.

 

Mon grand désir serait de travailler à Saint-Pétersbopurg avec deux ou trois religieux russes. Quelle moisson spirituelle nous pourrions y récolter.

 

Le métropolite André avec ouvert dans les Carpathes une monastère dans le type des "laures" du Studion, un second monastère fut créé à Kamenitza en Bosnie. Il y entra le 20 mai 1912 sous le nom de Léontii.

 

On vient d'acheter deux gorets, et je me suis vu le confier le soin de les engraisser. Voilà l'occupation qui me convient tout à fait. Je me sens très sérieusement l'enfant prodigue qui a dilapidé ses biens dans les mauvais plaisirs et doit paître les pourceaux loin de son père. Quand pourrai-je dire vraiment du fond du coeur "Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi? Je supporte facilement l'austérité du cadre de notre vie, grâce à ma santé robuste et à mon caractère accommodant. Bien sûr au début j'ai ressenti le manque de nourriture coïncidant avec un travail manuel pesant. Il m'arriva de grincer des dents. Il ne me reste qu'un ennemi terrible que, jusqu'à présent, je ne suis pas parvenu à vaincre, c'est le sommeil. Quand la somnolence m'envahit à l'église, je dois bien reconnaître la misérable impuissance de ma volonté ... Il me semble que, pour la première fois, je commence à vivre pour moi-même à vivre comme je le désirais depuis longtemps. Ce qui est le plus doux, c'est de sentir mon isolement du monde, mon oubli total de toutes ses vanités et de tous ses soucis mesquins.

 

Notes de retraite

 

Depuis mon entrée dans l'Eglise catholique, c'est-à-dire depuis dix ans, j'ai travaillé nuit et jour pour elle et cependant je sens que j'ai passé toute ma vie dans l'oisiveté. J'ai laissé sans attention tant d'inspirations manifestes de la grâce de Dieu. Mon manque de recueillement, malgré la splendide éducation reçue des jésuites d'Agnagni,  a rendu ma volonté faible et molle. peureuse devant tout geste énergique à poser. Sur tout ce qui concernait ma vie et mon activités futures flottait un immense "dubium", une hésitation, mon jugement s'amusait à sophistiquer, tâchant de s'esquiver devant un appel manifeste à la vie ascétique. Mon coeur est maintenant navré de ce que la perle de mon ardeur et de mon enthousiasme juvénile soit perdue pour toujours. Je me souviens de la parole d'un de mes confesseurs jésuites : "Vous avez été trop prudent dans toutes vos délibérations et à cause de cela vous pouvez perdre la grâce de Dieu" (en français dans le texte)   C'est paradoxal, mais à mon égard, c'est vrai. Il faut avoir plus de confiance en la providence qui nous dirige et couvre de bienfaits notre chemin, si nous savons nous en remettre à elle avec foi et avec la simplicité d'un enfant. Un autre résultat de ma retraite c'est une résolution ferme de commencer à mener, avec l'aide de Dieu, une vie suraturelle angélique, à commencer par la garde du silence et du recueillemennt. Précisément le dernier jour de la retraite, j'ai eu 33 ans et, avec larmes, j'ai demandé à Dieu de m'aider à devenir un moine accompli à cet âge où Lui-même acheva l'oeuvre de la Rédemption.                                       

 

Ma retraite ne s'est pas passée sans tentation. J'avais une forte envie de lire de la théologie ou de mettre par écrit quelques notes de liturgie. J'avais soif de savoir comment évoluait la guerre contre les Turcs. Ma haine fanatique contre les Turcs ne me laisse aucun repos. Je l'ai sucée avec le lait de ma mère. De nuit et de jour, je ne rêve qu'à cet heureux moment où la croix brillera de nouveau sur la coupole de Sainte Sophie. En songe, je me suis vu parmi les tirailleurs grecs.

 

La réconciliation de la Russie avec l'Eglise catholique lui apparaît comme une tâche qui dépasse les possibilités humaines.  Il est tenté parfois de laisser tomber les bras et de ne plus y songer. Comment vaincre l'hostilité si farouche de certains et l'ignorance mutuelle? Comment dissiper de part et d'autre des préjugés souvent si peu fondés mais si profondément enracinés? Comment surtout secouer les indifférents et éveiller l'intérêt de la grande masse pour cette question de première importance?

 

 

Il découvre en lui la dureté envers le prochain

 

Il m'est surtout très dur de m'habituer à mes nouveaux compagnons. Parmi nos moines, nous manquons un peu d'hommes intelligents et cultivés et leur horizon ne correspond pas au mien: je dois entrer dans leur peau pour les comprendre et pour qu'ils me comprennent. Il me faut entendre parfois les histoires les plus extravagantes sur les saints et leurs miracles extraordinaires. Je me mords les lèvres pour ne pas éclater de rire. Parfois je me mets à regretter vraiment leur ignorance religieuse et leur manque de culture.

 

Le père studite Nicon témoignera en 1935

 

Le P Léontii vécut si saintement que jamais il ne dit à qui que ce soit une parole méchante. Son parler était très doux. Il était toujours d'une parfait égalité d'humeur.

 

La question de la latinisation du rite byzantin entreprit dans le rite grec-ukrainien est repris par le P. Léontii

 

L'Oriental ne connaît que les extrêmes: il ignore les "distinguo" des occidentaux; il ne connaît que les "affirmo" ou "nego" . De là, son incapacité à distinguer entre foi et rite. Si on entreprend de lui inculquer une distinction entre le rite et la foi comme entre un moyen et une fin, entre l'accesssoire et l'essentiel, il rejette alors complètement les rites de ses habitudes religieuses et s'en tient uniquement aux prières et aux prêches. C'est ainsi qu'ont agi les sectes russes, les mahométans, les bouddhistes de Birmanie, de Siam ou de Ceylam. 

 

 Il répond au métropolite le critiquant de chauvinisme oriental

 

Où penserez-vous que j'irai si jamais mon expérience chez les Studites ne me satisfait pas? Je passerai carrément au rite latin. Je me suis déjà choisi l'ordre des sylvestrins comme dernière étape de mes efforts vers la perfection. Il me faudrait quelque chose de très grave pour me détourner de cette détermination. Dites encore que vous redoutez le chauvinisme oriental et un manque d'esprit catholique. Vous trouveriez difficilement, je pense, un autre oriental qui considère aussi calmement que moi la question du rite. Mais où que je le trouve, dans un rite oriental ou dans un rite latin, je serai fidèle à ce rite jusqu'à la moelle de mes os et je ne ferai jamais de moi un bâtard latino-oriental. "Sentire cum Ecclesia". C'est un grand principe, je l'ai adopté par toutes les fibres de mon être et précisément en fonction de ce principe, je ne veux vivre que de la vie que m'indique la sainte Eglise.

 

Dans la suite il donne un exemple frappant de ce fanatisme latin.

 

Comme exemple de fanatisme oriental, on prétend que je ne vénère pas les saints occidentaux. Si c'était vrai, je ne prierais pas chaque jour comme je le fais, saint Thomas d'Aquin et saint François de Sales et le 31 juilllet de chaque année, je ne fêterais pas d'une manière toute spéciale saint Ignace de Loyola. N'est-ce pas naturel que chaque Eglise vénère particulièrement ses saints propres, ceux que représentent son esprit particulier? N'est-ce pas ainsi que font les ordres religieux? En fait, l'orient dans la vénération des saints, a conservé un  esprit plus universaliste que l'occident, plus fidèle aussi à la tradition des premiers siècles. Les jésuites d'Anagni exaltaient jusqu'au troisième ciel leur saint Louis de Gonzague, tandis qu'ils laissaient tout à fait dans l'ombre saint Jean Baptiste qui est, cependant "l'homme le plus grand qu'une mère ait jamais mis au monde" Je suis passé par les écoles et je sais donc parfaitement quel progrès la partie de l'Eglise latine de l'Eglise universlle a réalisé dans le domaine du développement de la pensée chrétienne: théologie, philosophie, pratique de la confession, culte de la sainte Eucharistie, développement des ordres religieux, vénération du sacré Coeur, étude des dogmes. Sur ces points nous sommes leurs humbles disciples et nous empruntons chez eux tout ce dont nous avons besoin. Mais en même temps nous remarquons les défauts de notre grande soeur latine résultant de sa longue séparation du saint et mystique orient: par exemple une baisse de l'ascétisme, un manque de sens de l'esthétique liturgique, de vivacité et simplicité dans la foi , l'utilitrisme et la mièvrerie" 

 

Un de ses interlocuteurs lui a dit que les jésuites n'aimaient pas les rites orientaux. Preuve du manque de sens liturgique chez eux comme dans l'église latine

 

 



20/06/2011
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