saint Jean-Baptiste

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Jean le Baptiste (hb : Yo'hanan HaMatebil), est un personnage de la tradition chrétienne sous le nom de saint Jean-Baptiste et de la tradition musulmane sous celui de Yahyâ. Il fut prédicateur en Judée au temps de Jésus de Nazareth. Le personnage de Jean Baptiste est très important dans les Évangiles. L'historien juif Flavius Josèphe fait une mention de « Jean surnommé baptiste » un petit peu moins développée que celle des évangiles[4]. Les Actes des Apôtres en parlent très brièvement.

Dans le christianisme, Jean le Baptiste est le prophète qui a annoncé la venue de Jésus de Nazareth et l'a désigné comme « l'agneau de Dieu ». Il lui a donné le baptême sur les bords du Jourdain [5] [N 1], et lui avoir donné ses propres disciples. Précurseur du Messie, il est donc présenté dans les évangiles comme partageant beaucoup de traits avec le prophète Élie[6].

La religion mandéenne en fait son prophète principal.

C'est un saint chrétien et un prophète de l'islam descendant de 'Îmran.

 

L'Évangile selon Luc est le seul à évoquer la naissance de Jean le Baptiste :

« Mais l'ange lui dit : Ne crains point, Zacharie, car ta prière a été exaucée. Ta femme Élisabeth t'enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. Il sera pour toi un sujet de joie et d'allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin ni liqueur enivrante, et il sera rempli de l'Esprit saint dès le sein de sa mère ; il ramènera plusieurs des fils d'Israël au Seigneur, leur Dieu ; il marchera devant Dieu avec l'esprit et la puissance d'Élie, pour ramener les cœurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé. (…)” Le huitième jour, ils vinrent pour circoncire l'enfant, et ils l'appelaient Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole, et dit : “Non, il sera appelé Jean”[7]. »

Il était le fils du prêtre Zacharie et d'Élisabeth, une cousine de Marie, la mère de Jésus. Comme celle de Jésus, la naissance de Jean est annoncée à Zacharie par l'archange Gabriel, qui lui dit que son fils à naître, Jean, sera rempli de l'Esprit saint et aura la puissance d'Élie.

(Pour plus de précisions sur la famille de Jean et de Jésus, voir plus bas: La famille 'Imran à l'époque de Jean et de Jésus)

Carrière publique[modifier]

Le Baptême du Christ, par Verrocchio.
Le baptême de Jésus (vitrail de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois)

Jean mena une vie d'ascèse « caché dans le désert », se nourrissant de « sauterelles et de miel sauvage » (Matthieu III:4), et pratiquant le jeûne. La description que fait l'évangile de la vie de Jean est celle d'un nazir[8],[9]. Si on suit l'Évangile selon Luc pour dater vers l'an 29 le début de la carrière publique de Jésus, Jean Baptiste est à cette époque installé sur les bords du Jourdain, où il pratique le « baptême de repentir pour la rémission des péchés » par immersion dans l'eau prophétisé par Isaïe. Flavius Josèphe précise de son côté qu'il ne prétendait laver par ce baptême les âmes de leurs péchés, mais seulement le corps de ceux qui avaient préalablement purifié leurs âmes en pratiquant la justice[N 2].

Jean réunit autour de lui de nombreux disciples, leur annonçant la venue du Messie : « Moi, je vous baptise avec de l'eau, pour vous amener à la repentance, mais vient celui plus fort que moi, et je ne suis pas digne de porter ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit saint et le feu » (Matthieu III:11).

Selon Matthieu (III:13-17), Jésus vint voir Jean pour être lui aussi baptisé. Jean lui dit : « C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi », et Jésus lui répondit : « Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste. » Jean baptise donc Jésus et c'est au sortir de l'eau que ce dernier reçoit l'Esprit saint sous la forme d'une colombe, tandis que Dieu fait entendre depuis le ciel une déclaration en faveur de Jésus, « mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. »

Jean Baptiste demanda alors à ses disciples de suivre Jésus.

La mort de Jean le Baptiste[modifier]

Détail de la façade de la chapelle des Pénitents-Noirs d'Avignon : deux anges portent la tête de saint Jean le Baptiste.

Quelque temps après, la colère d'Hérode Antipas, tétrarque de Galilée et de Pérée, s'abattit sur Jean, lequel lui reprochait son union avec Hérodiade, l'épouse de son demi-frère Hérode Boëthos.

Selon Marc (VI:14-29), Hérode, excédé, fait arrêter Jean et « le fait lier en prison ». Sa femme Hérodiade voulait faire tuer Jean mais Hérode Antipas le protégeait, car il le « connaissait pour un homme juste et saint » et « l'écoutait avec plaisir ».

Peu après, un récit « plus pittoresque que solide »[10] rapporté par l'évangile selon Marc[11], décrit une fête donnée pour l'anniversaire de la fille d'Hérodiade - que la tradition assimile à Salomé, bien qu'elle ne soit pas cité dans le texte[12] - dansa tant que le gouverneur et tous ses convives furent subjugués, et il lui dit : « Demande-moi ce que tu voudras... Ce que tu me demanderas, je te le donnerai, fût-ce la moitié de mon royaume. » Salomé demanda pour sa mère la tête de Jean Baptiste présentée sur un plateau. Hérode, fort attristé, envoya cependant un garde décapiter Jean dans sa prison, placer sa tête sur un plateau et la présenter à Salomé qui l'offrit à sa mère Hérodiade[13].

Ce récit est isolé et présente les traits d'une légende populaire et est inconnue de l'historien Flavius Josèphe qui de son côté dit simplement que Hérode Antipas craignait que ce prophète n'utilise l'emprise qu'il avait sur la population pour la pousser à la révolte, et que ce fut à Machéronte qu'il fut exécuté après y avoir été incarcéré.

Jean le Baptiste est en fait probablement victime de sa prédication qui entend substituer l'immersion baptismale aux sacrifices, relativisant de la sorte l’importance du rôle des élites sacerdotales et celui du Temple, comme il est possible que son jugement des mœurs d'Hérode - fustigeant le souverain et son union scandaleuse avec la veuve de son demi-frère - ait contribué également à sceller son sort, vers 28[14]. Flavius Josèphe évoque également la crainte qu'Antipas semble nourrir à l'égard de Jean et de son influence sur le peuple[15].

Les disciples de Jean le Baptiste[modifier]

En 36, une défaite infligée à Hérode Antipas par le roi arabe Arétas IV fut interprétée par la population comme un châtiment divin pour l'exécution de Jean. La plupart des chrétiens estiment que cet événement eut lieu sept ans après sa mort, que conformément aux traditions ecclésiastiques avérées dès le VIe siècle, ils fixent donc en 29[16], l'année même du début de sa prédication. Cette datation est contradictoire avec ce qu'indique Flavius Josèphe.

Dans les évangiles, certains disciples s'interrogent sur la prédication de Jésus, pendant l'incarcération de Jean. Pour Laurent Guyénot, si Jésus a bien été le disciple de Jean Baptiste et l'a reconnu comme « plus qu'un prophète », en revanche, Jean Baptiste n'a jamais soutenu le ministère de Jésus, et ne l'a pas proclamé Messie[17]. En revanche, il est clair que le mouvement de Jésus s'est réclamé du sien.

Selon les Actes des Apôtres, vers 50 à Éphèse (province proconsulaire d'Asie), un juif de naissance, venant d'Alexandrie et nommé Apollos (ou Apollonios[18]), est considéré par des disciples de Paul de Tarse (saint Paul) comme faisant partie de leur mouvement, « bien qu'il connût seulement le baptême de Jean[19],[20] (le Baptiste) ». Ainsi, la prédication de Jean le Baptiste aurait atteint l'Égypte à peine 15 ans après sa mort. Selon François Blanchetière, Appolos, « formé à Alexandrie dans un milieu qui ressemblait aux thérapeutes de Philon, avait adopté le baptême de Jean. Les membres du mouvement attendaient avec impatience la venue du Christ, du roi messianique, qui les délivreraient de la domination des Romains[20]. » Comme les membres de la communauté d'Éphèse, Apollos devient alors « adeptes de la Voie du Seigneur » (ou instruit de la Voie du Seigneur), ce qui est le nom des partisans de Jésus, qui ne s'appellent pas encore chrétiens, ni même Nazôréens[N 3]. Les communautés messianistes d'Égypte, qu'elles soient baptistes, Nazaréennes, thérapeutes ou autres ont de toute façon probablement disparu dans le quasi génocide qui a suivi la révolte des exilés (116 - 117 en Égypte).

Il est néanmoins vraisemblable que des communautés juives baptistes se réclamant de lui aient continué à exister y compris après la répression des trois grandes révoltes juives (grande révolte (66-73), révolte des exilés (115117), révolte de Bar Kokhba (132-135)) et notamment après la destruction de Jérusalem (135) et l'interdiction à tout juif d'y pénétrer.

Un phénomène antique que selon certains auteurs, il ne faudrait pas confondre avec l'existence de quelques groupes de Mandéens survivant actuellement en Irak et en Iran et dont la survivance est d'ailleurs fortement menacée, surtout depuis le déclenchement de la seconde guerre d'Irak. Toutefois, ce point de vue est loin d'être unanime et des historiens ayant notamment particulièrement étudié le judéo-christianisme comme André Paul et Simon Claude Mimouni, estiment au contraire que les Mandéens sont membres du seul courant vraiment baptiste qui a persisté jusqu'à aujourd'hui[21],[22].

Jean surnommé Baptiste chez Flavius Josèphe[modifier]

Une succession convoitée[modifier]

Le personnage qui apparaît fortuitement au XVIIIe livre des Antiquités judaïques est assez différent des traditions ecclésiastiques. Flavius Josèphe raconte une guerre entre le roi Arétas IV de Pétra (roi des Nabatéens) et Hérode Antipas qui résulte d'un conflit de succession après la mort de Philippe le Tétrarque‎[23],[24] (en 34[25]). Jusqu'à cette date, Philippe, le demi frère d'Antipas, était tétrarque (gouverneur) de « la Batanée, avec la Trachonitide et l’Auranitide, une partie de ce qu’on appela le domaine de Zénodore[26] ».

Comme Philippe « était mort sans enfants, Tibère hérite de ses possessions et les annexe à la province romaine de Syrie, mais en ordonnant que les impôts levés dans sa tétrarchie y soient affectés[27] »[25]. Depuis la mort de Philippe (parfois improprement appelé Hérode Philippe), la succession est ouverte excitant les convoitises. Ce territoire de l'ancien royaume d'Hérode le Grand qui n'est pas dirigé par un juif, attise aussi une contestation provenant des Juifs messianistes. Seul l'empereur romain Tibère a le pouvoir de le donner à qui il veut ou de le maintenir dans la province romaine de Syrie. Selon son habitude si on en croit Tacite, Tibère prend son temps pour faire connaître sa décision. Les prétendants à la succession ne semblent pas manquer. Il y a bien sûr Hérode Antipas, mais aussi Hérode Agrippa[28], qui d'ailleurs finira par l'emporter. Peut-être qu'Arétas IV fait lui aussi partie des prétendants, après tout, un de ses prédécesseurs avait acheté le royaume de Zénodore et en avait été frustré sur décision de l'empereur Auguste. Il y en a probablement d'autres, on s'est même posé la question de savoir si Jean Baptiste était l'un d'entre eux.

Un mariage prometteur[modifier]

Les tétrarchies de Philippe le Tétrarque‎ et d'Antipas:

Hérode Antipas rêve depuis longtemps de reconstituer à son profit l'ancien royaume de son père[23], il espère que le titre royal qui avait été promis à son frère Hérode Archélaos si celui-ci s'en montrait digne[29], lui sera remis un jour par l'empereur[23]. En 6 apr. J.-C., lorsque Auguste a révoqué son frère Archélaos, Antipas qui espérait récupérer les territoires de son frère a été bien déçu, car Auguste préfère y créer la province romaine de Judée[30]. « Dans les mois qui suivent la mort de Philippe, Antipas croit que son heure est enfin venue[23]. »

Après les « obsèques somptueuses[27] » de Philippe, qu'Antipas a probablement présidées, celui-ci se prépare à aller à Rome, pour rencontrer Tibère[23],[31]. Pour être nommé à la tête de la tétrarchie de Philippe par l'empereur, Antipas a imaginé conforter sa position en se mariant avec Hérodiade[31], pourtant mariée à son demi-frère Hérode Boëthos[23]. Celle-ci est d'une lignée royale, nettement plus assurée que la sienne. Il se dit donc qu'un mariage avec Hérodiade pourrait renforcer sa prétention à obtenir le titre royal de la part de l'empereur[32]. « Partant pour Rome », là où tout se décide, Antipas « descend chez son frère » et « il a l'audace de parler à Hérodiade de l'épouser », ce qu'elle s'empresse d'accepter[33],[23]. Toutefois ce « pacte » doit rester secret, les deux futurs époux étant mariés chacun de leur côté[34]. Ils conviennent toutefois qu'elle cohabitera avec lui « dès son retour de Rome »[23] et qu'il répudiera la fille d'Arétas IV, roi de Pétra[35],[36],[34]. En effet, pour sceller une alliance diplomatique probablement arrangée par Auguste, Arétas IV a donné en mariage une de ses filles appelée Phasaelis à Hérode Antipas, qui est l'un des fils d'Hérode le Grand[24] et dont la Pérée dont il est tétrarque possède une frontière commune avec la Nabathée. Selon Nikkos Kokkinos, au moment des faits ce mariage dure depuis plus de vingt ans[24].

 

 

Jean-Baptiste du Caravage



23/06/2012
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